LE PONT DE SAINTE-APOLLINE

D'un pont à l'autre, des Muèses au viaduc de la Glâne

Pourquoi un pont ici?

Elément essentiel de la géographie des communications car il fixe un passage obligé, le pont est une construction élaborée qui répond à des besoins économiques et à des nécessités de trafic. La construction de ponts relève de la création en parallèle d’un réseau de voies de communication de qualité sans cesse croissante.

Poursuite du chemin au-delà d’un obstacle naturel, ici la Glâne affluent de la Sarine, et comme tel partie intégrante de la route, le pont est un élément fort du paysage routier. Tantôt c’est sur le paysage environnant qu’il ouvre de larges perspectives, tantôt c’est son esthétique qui lui confère le statut de monument d’art et de patrimoine.

Placé à un point de passage pratiqué depuis l’Antiquité déjà et sans doute dès la Préhistoire également, mais alors par un passage à gué sis peu en aval, le pont de Sainte-Apolline est un élément patrimonial majeur de l’ancienne route de rive gauche de la Sarine, entre la Basse-Gruyère et Fribourg-Ville.

Quelle est l’ancienneté du pont?

Autrefois appelé Pont de la Glâne, le pont de Ste-Apolline est attesté antérieurement à 1243. Plusieurs ouvrages de bois ont dû se succéder sur le même lieu dès le Moyen Age avant sa reconstruction en tuf au 16e ou 17e siècle. La restauration de 1990-91 a fait apparaître deux niveaux de pavage et les culées présentent deux à trois périodes de construction antérieures au pont actuel.

«Le pont actuel est construit en majeure partie en tuf. (…) L’aspect des premières culées est médiéval. Elles correspondent à un pont d’une portée de 17,4 m (actuellement 14 m) (…) et l’aspect des maçonneries est comparable à celles des ponts du Milieu (1720) et de St-Jean (1746)». Quant à la chapelle, si «la première mention remonte à 1147 (…), la date de 1566 correspond bien à sa reconstruction suite à son incendie». (G. Bourgarel, Chronique archéologique, in Archéologie fribourgeoise, 1989-1992).

Un certain mystère plane toujours sur les origines du site. A des fouilles poussées, on a jugé «de loin préférable de maintenir la substance historique et l’aspect d’origine d’un des plus beaux ponts de la région» et même au loin. Choix judicieux à l’image d’un site d’exception!

Posieux, allée de chênes des Muèses.

Plusieurs ponts, un seul itinéraire

La construction du pont des Muèses en 1756, un peu en amont à l’ouest, puis l’aménagement d’une nouvelle route cantonale de Fribourg à Bulle avec l’érection du viaduc de la Glâne (1854-56), peu en aval à l’est, ont fait perdre toute son importance au pont de Sainte-Apolline, qui fut toutefois encore consolidé au début du 19e siècle par les soins du monastère d’Hauterive, à Posieux, et de la commune de Villars-sur-Glâne, dans un souci de trafic local. Retour du balancier géographique vers l’ouest en 1971-72 avec la construction du viaduc autoroutier de l’A12. Jusqu’en 1756, le pont de Sainte-Apolline desservait le «vieux Grand chemin de Fribourg à Bulle» (plan de 1781) et celui des Muèses par la suite le «nouveau Grand Chemin de Fribourg à Bulle», le viaduc de la Glâne dessert la nouvelle route cantonale et le viaduc autoroutier l’A12. Ou comment un seul et même itinéraire, Fribourg-Bulle, développe plusieurs tracés à travers les âges et le territoire.

Question 1

Nombre de vieux ponts à arche en pierres sont communément appelés «ponts romains». Pourquoi?

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L’Empire romain a laissé autant de traces dans le paysage que dans la mémoire collective, en particulier au plan des vieux ponts considérés, à tort, comme des ouvrages romains.

Question 2

Qui était Sainte Apolline et quand est-elle fêtée?

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Sainte Apolline, vierge et martyre d’Alexandrie morte en 247, jouissait d’un culte très populaire car on l’invoquait contre les maux de dents. Elle est fêtée le 9 février.

Question 3

Pourquoi le pont de Ste-Apolline est-il parvenu jusqu’à nous en si bon état?

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Parce qu'il a été par la construction du pont des Muèses.

Textes: Jean-Pierre Dewarrat, ITINERA, Lausanne
Illustration: rmgdesign
Anciennes cartes: Archives de l’Etat de Fribourg